vendredi 25 septembre 2009

L'énergie et le public

Lorsque le public est mou, nous aurions tendance à pousser ce que nous faisons plus fort que d'habitude et inversement dans l'autre cas. Mais, peut-être, un jeu plus énergique ou plus mou peut-il avoir des effets néfastes, allant de l'interprétation quasi hystérique à la platitude.

  L'interprète s'y prend souvent tard: il constate l'état général du public lorsqu'il est entré en scène. Il lui faut alors un temps d'adaptation entre son énergie et celle du public. Et si son énergie n'est pas juste, il est possible qu'il doive batailler pour parvenir à trouver le bon médium. Cette simple lutte améliore son jeu. Il est important de pouvoir savoir dans quelle énergie se trouve le public avant d'entrer en scène. Mais, au préalable, avant la représentation, l’interprète devra vérifier si techniquement, physiquement et énergiquement il est capable ou non de pénétrer ou faire surgir (cela diffère d'un interprète à l'autre, d'une journée à l'autre)l'univers de l’œuvre. Car il s'agit bien de ça: savoir si nous sommes à même, en ce jour de faire pénétrer le public dans le monde, la réflexion, les sensations ou la contemplation simple du sujet que nous avons choisi de communiquer aux spectateurs.
 
              Ces deux facteurs (savoir si nous sommes prêts pour la représentation du soir et résoudre les manques, et prendre en compte dans quelle disposition se trouve le public) nous donnent la possibilité de prendre en main des points essentiels qui peuvent faire toute la différence sur la qualité d'un spectacle.
 
              Lorsque nous sommes physiquement, moralement, techniquement, énergiquement prêt pour ce que nous nous apprêtons à faire, nous devrons nous imprégner de l'univers de l’œuvre. Mais avant de rentrer, nous devrons trouver comment rentrer. Quelle énergie sera la bonne. Le ton juste sera celui qui sera trouver en prenant en compte soi et le public. Certains artistes disent "Je fais ce que je veux du public" et c'est sûrement vrai. Mais pour ce faire, ils doivent, en permanence prendre en compte le public. Parce que l'artiste sent les spectateurs, il sait ce qu'il doit faire et comment le faire; quelle portée donner à ses actes pour qu'ils atteignent le public là où il a décidé de les toucher. Nous pourrons être les plus préparés du monde, ayant une connaissance, un savoir et une sensibilité parfaite de l’œuvre mais si nous ne prenons pas en compte le public et son état ( à moins que ce soit un choix de ne pas le prendre en compte) alors nous risquons de ne pas communiquer avec le spectateur qui se sentira exclu.
 
              Mais comment commencer si ce n'est ni fort, ni doucement ? Eh bien pensons plutôt en ces deux termes: densité-légèreté ! Selon comment nous aurons senti le public, nous ferons les choses de façon dense ou légère. Ce sont ces deux notions qui donneront le ton et de ce que nous soyons rapides ou lents découlera que nous soyons denses ou légers à tel moment de l’œuvre. Exemple: un feu léger en pleine garrigue aura tôt fait de se répandre partout. Mais un feu léger en plein hiver aura tôt fait de s'éteindre. La rapidité et la lenteur se révèlera selon le passage que nous interprétons. La densité et la légèreté se feront en fonction du public et de l’œuvre.

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